WALLIS ET FUTUNA (ÎLES)

WALLIS ET FUTUNA (ÎLES)
WALLIS ET FUTUNA (ÎLES)

WALLIS & FUTUNA ÎLES

Situé au cœur de la «Méditerranée» océanienne, entre les îles Samoa et les îles Fidji, à 2 000 kilomètres à l’est de Nouméa, à 3 000 kilomètres à l’ouest de Papeete, Wallis et Futuna est un archipel de 274 kilomètres carrés. Regroupant trois «royaumes» traditionnels polynésiens (Uvea, Sigave et Alo), il comporte deux ensembles insulaires distants de 230 kilomètres. Au nord-est, les îles Wallis (95 km2) associent un dôme basaltique surbaissé (l’île d’Uvea) et une vingtaine d’îlots provenant soit d’épanchements volcaniques pointant d’un lagon large de 2 à 4 kilomètres, soit d’accumulations de sables coralliens établies sur une couronne récifale d’environ 40 kilomètres. Au sud-ouest, les îles Horn (115 km2) associent deux terres volcaniques montagneuses, Futuna et Alofi. Seules Uvea et Futuna sont habitées en permanence.

Situé entre le 13e et le 15e degré de latitude sud, cet archipel bénéficie d’un climat chaud (27 0C de moyenne annuelle) et humide. Les pluies se distribuent principalement d’octobre à mai. En année moyenne, on y enregistre 3 000 millimètres de précipitations, mais entre décembre et mars, ces îles peuvent être ravagées par des pluies diluviennes provenant du passage de cyclones. Entre juin et septembre, période où s’établit l’alizé du sud-est, elles peuvent au contraire connaître une certaine sécheresse.

L’île d’Uvea comporte quelques lambeaux de la forêt primaire sempervirente, des formations arborées secondaires et un maquis dénommé toafa («le désert»), l’espace agricole représentant 20 p. 100 de la surface de l’île.

À Futuna, la forêt primaire s’est mieux maintenue par suite de la présence d’un relief plus vigoureux; le toafa couvre les pentes dominant la plaine littorale, cadre privilégié de la mise en valeur. Seule l’île d’Alofi a vu le maintien de sa forêt primaire.

Que ce soit à Uvea ou à Futuna, la mise en valeur traditionnelle comporte toujours une stratification altitudinale et pédologique précise : les cultures intensives se cantonnent sur les plates-formes littorales et en arrière de celles-ci dans les dépressions humides qui se créent au débouché des résurgences. Chaque finage villageois associe une portion de rivage où prospèrent autour des habitations tout à la fois des cultures arborescentes (cocotiers, arbre à pain, mûrier à tapa , pandanus à vannerie, arbres fruitiers, à fleur ou à parfum), des plans de kava (plante à boisson rituelle) et de petits jardins maraîchers, puis une zone de cultures irriguées de bas fonds (taro Colocasia , bananier), enfin un périmètre de cultures pluviales itinérantes sur les basses pentes (taro Alocasia , igname Dioscorea alata et, depuis l’arrivée des Européens, manioc). La cocoteraie se diffuse sur l’ensemble de cet espace cultivé. Par suite d’une forte pression démographique et malgré de nouveaux défrichements aux dépens de la forêt, la période de mise en jachère des parcelles de cultures pluviales s’est considérablement réduite (3 à 6 ans), ce qui peut expliquer la progression de formations dégradées du type toafa. Aussi dans les années 1970 et 1980 a-t-on procédé à des reboisements et à la création de nouvelles cocoteraies. Des interdits coutumiers existent pour protéger la forêt, mais ils ne sont pas toujours respectés.

Pendant des siècles, l’horticulture vivrière et la pêche côtière ont servi de fondement économique à l’épanouissement de la société locale. L’implantation humaine dans ces îles est relativement récente: elle s’est effectuée, semble-t-il, dans un premier temps à Futuna puis à Wallis depuis les Samoa et les Tonga au cours du Ier millénaire avant J.-C. Aux XVe et XVIe siècles, les deux îles étaient incluses dans l’empire Tui-Tonga. L’indépendance politique de Wallis se situe au XVIIe siècle. Au cours du XVIIIe, on enregistre la migration de Wallisiens dans l’île septentrionale de l’archipel loyaltien. On doit aussi mentionner l’homonymie de Futuna dans l’archipel de Horn et dans celui des Nouvelles-Hébrides (Vanuatu). Une tendance constante à la surpopulation explique l’expatriation périodique de ces Polynésiens, sur de vastes catamarans.

Les sociétés wallisienne et futunienne ont été de tout temps hiérarchisées: comme ailleurs en Polynésie, certains groupes lignagers ont un statut aristocratique (aliki ), trois d’entre eux (un à Wallis, deux à Futuna) assurant la chefferie suprême, la «charge royale». La cohésion de chaque royaume est périodiquement réaffirmée au cours de cérémonies où l’on prépare, puis consomme, une macération de racine de kava (Piper methysticum ).

C’est aux navigateurs hollandais Willem C. Schouten et Jakob Le Maire que revint la «découverte » de Futuna (en 1616) et au capitaine anglais Samuel Wallis celle d’Uvea (1767). Au début du XIXe siècle, quelques baleiniers firent relâche dans l’archipel, mais c’est aux missionnaires maristes qu’est due l’insertion de Wallis et de Futuna dans le monde contemporain.

En 1837, le père Bataillon débarqua à Wallis, le père Chanel à Futuna. Sous l’influence du premier, un traité de protectorat fut négocié avec la France, puis ratifié au début de 1887. Le contact avec le monde européen se limita longtemps à l’exportation du coprah et à l’importation de biens d’équipement. L’isolement prit fin au cours de la Seconde Guerre mondiale: à partir de mai 1942, un contingent de soldats américains débarqua à Wallis; 6 000 militaires y stationnèrent pendant trois ans. Un détachement des Forces françaises libres s’y joignit, dès août 1942. Wallis fut une base aérienne utile dans la reconquête par les Alliés du Pacifique central.

Dans les années 1950, Wallisiens et Futuniens furent sollicités pour travailler dans les plantations des Nouvelles-Hébrides, dans les mines et les travaux publics de Nouvelle-Calédonie. Depuis les années 1970, 40 p. 100 des ressortissants de l’archipel sont stabilisés sur la Grande-Terre néo-calédonienne. Ils furent rejoints à partir de 1980 par la petite colonie installée aux Nouvelles-Hébrides, lorsque s’édifia l’État de Vanuatu.

Les habitants installés à Wallis et à Futuna, qui étaient 3 000 en 1837 et 6 500 en 1935, étaient 14 300 en 1994. La plupart des personnes en âge de travailler continuent à pratiquer une activité agricole, mais les productions vivrières ne sont pas suffisantes pour couvrir les besoins alimentaires des ressortissants de l’archipel. Depuis 1931, les plantations de cocotiers se sont peu à peu dégradées sous le double effet d’un coléoptère (Oryctes ou «rhinocéros du cocotier») et des rats. La production de coprah, qui avait progressé de 200 tonnes en 1880 à 800 tonnes en 1937, est à présent nulle. On s’est efforcé de développer les productions fruitières et l’élevage des volailles et des porcins. L’artisanat d’art est encore mal valorisé, si bien que, pour l’essentiel, les ressources locales proviennent des services publics et privés installés au chef-lieu de Mata-Utu, des virements en espèces des familles wallisiennes et futuniennes implantées en Nouvelle-Calédonie et des équipements financés par l’État français ou le Fonds européen de développement. Le concours de la métropole s’est élevé en 1987 à 130 millions de francs français.

Les îles Wallis et Futuna se situent en dehors des grands courants d’échanges transpacifiques. Leur ravitaillement est effectué par caboteur depuis Nouméa. Il existe un service aérien Nouméa - Mata-Utu via Nandi (Fidji).

Cette dépendance économique irréversible s’accompagne fort heureusement d’une grande stabilité politique. Ce petit archipel a demandé en 1959 et obtenu en 1961 de devenir territoire d’outre-mer de la République française. Il comporte une Assemblée territoriale de vingt membres (13 élus à Wallis, 7 à Futuna) et un Conseil territorial groupant le roi de Wallis, les deux rois de Futuna et trois personnalités locales autour de l’administrateur supérieur, représentant l’État français. Ainsi, à la différence d’autres territoires, pouvoir coutumier et pouvoir administratif se trouvent conciliés. L’archipel Wallis et Futuna est représenté au Parlement français par un député et un sénateur.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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